2015-05-14

Le Voyage

   
                                                                                         Le Voyage
       Alban était allongé sur le hamac d’une belle et grande propriété entourée de verdure formée par des arbrisseaux et des cocotiers. Le regard lointain, perdu dans l’étincelante lueur des étoiles qui semblaient exprimées la gaieté d’un sapin de Noël, il admirait également leur reflet dans l’eau de mer qui était souvent calme à la tombée de la nuit, lui rappelait des petites lucioles flottant à sa surface. La brise légère et fraiche venait doucement caresser son visage, il entendait le chant des cigales et le coassement des grenouilles dont l’harmonie était une agréable musique de la nature ; d’un air songeur, il laissa apparaitre un sourire en coin de satisfaction.


    En effet, ce jeune homme de vingt-neuf ans, athlétique, grand, sympathique et mystérieux ; dirigeait son entreprise depuis trois ans. Il était en couple avec Donatella, une jeune femme assertive et éclectique de vingt-six ans dont il était tombé sous le charme à la faculté de médecine, juste avant de quitter ses études pour se lancer dans le monde des affaires.
     Au mois de Juillet, sa famille et lui ont l’habitude de passer plusieurs semaines dans cette propriété privée, située au bord de la mer au nord du pays. Alban, un passionné de la nature, de l’environnement et du bien-être en profitait pour faire le plein d’énergie à chaque fois, par ses longues séances de méditation et de baignades. Il aimait faire son jogging dans la matinée, les pieds nus dans le sable fin avec ses écouteurs accrochés aux oreilles, pendant une demi-heure. Pour lui c’était, le moyen idéal de se défaire du stress auquel il faisait face quotidiennement dans son entreprise. Il était seul, ce soir-là au calme, éloigné de la fête que donnaient sa famille et quelques amis à l’occasion de l’anniversaire d’un proche qui venait de prendre sa retraite. Le calme, la solitude et la méditation sont des alliés très utilisés par Alban lorsqu’il s’agit de prendre des décisions importantes personnelles ou professionnelles.
     Malheureusement ce calme n’allait pas durer trop longtemps, un grondement assourdissant martela ses tympans. Tout à coup, d’épais nuages gris sombres vinrent masquer la clarté du ciel, le vent se mit à souffler avec force, soulevant presque tout sur son passage. Les alarmes des voitures garées à proximité se déclenchèrent simultanément, les palmiers se balancèrent avec une forte violence, on entendait craquer leurs branches. Alban se cramponna à l’un des cocotiers qui fixaient le hamac sur lequel il était allongé dix minutes plus tôt. Son visage pâle, ses yeux écarquillés, ses mâchoires serrées et sa gorge sèche montraient l’intensité de sa frayeur, de son inquiétude et de sa surprise face à cette scène qui chamboulait son entourage. A moins de dix mètres environ, une maisonnette faite de briques s’écroula avec fracas, soulevant une épaisse couche de poussière blanchâtre. Alban jeta un coup d’œil rapide sur la maison familiale, elle vibrait, une fissure longitudinale se dessina sur sa façade latérale. Malgré toutes ses agitations, les fêtards semblaient n’avoir rien remarqué, puisque les nombreuses silhouettes bougeaient encore au rythme de la musique, buvaient et mangeaient, sans aucun souci de ce qui était en train de se passer à l’extérieur.
    Qu’allait devenir ses proches et amis qui étaient à l’intérieur ? Se questionna Alban pris de panique. Il faut les prévenir se dit-il et les écarter du danger qui les guette. Dans sa précipitation, pour avertir les autres, il fit une chute et tomba les pieds en avant dans une  crevasse de trois mètres de profondeur environ, elle s’était formée avec les violentes secousses qui faisaient trembler la terre. Alban était désormais coincé dans cette faille, de l’eau y pénétrait par les interstices des roches, le niveau de l’eau de mer montait rapidement vers sa taille. Il essaya de grimper en s’agrippant sur les bords saillants de quelques pierres des parois de la fosse.
- Alban ! Alban ! Réveille-toi, chuchota une voix féminine. Il ouvrit ses yeux et reconnut Donatella sur le siège voisin qui secouait énergiquement son épaule gauche de sa main.
- Où sommes-nous, Donatella ? Demanda Alban, dont le visage était couvert de sueur.
- Nous sommes sur le vol A314 à destination d’Haïti. Tu n’as pas l’air dans ton assiette, affirma –t-elle. Alban, hocha la tête,  se dressa sur son siège, prit une grande respiration, et fixa l’horizon lointain à travers l’hublot.


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