2019-01-18

Le regret est pire que la peur.

Dix-sept heures, le soleil se couchait à l'horizon. Joseph dix-sept ans rentrait de son entraînement de basketball. En ce beau mois de Juillet, il passe la plupart de ses week-ends entre la plage, le parc et les soirées avec des amis aux clubs. Il était en train de se préparer pour se rendre à la fête de son ami Gaston quand son téléphone sonna. C'était sa mère au bout du fil.

-  Fiston, es-tu déjà rentré ? dit Angela
- Oui maman, je m'apprête à me rendre chez Gaston. Tu te rappelles je t'en ai parlé...
- Bien sûr, mais ton grand père voudrait te voir ce soir. Tu dois te rendre à l'hosto.
- Mais... J'irai la semaine prochaine. répondit l'adolescent.
- Il n'y a pas de "Mais", tu l'as déjà reportée la semaine dernière. Elle prit une longue inspiration, puis ajouta : Je lui ai rendu visite ce matin, les nouvelles ne sont pas bonnes ; j'ai bien peur qu'il ne lui reste pas beaucoup de temps à vivre. Dans la vie, il  faut connaitre ses priorités mon fils. Sur ces mots, elle raccrocha.
Joseph demeura pensif un instant dans sa chambre.

" Maman a sans doute raison, il y aura bien d'autres fêtes. C'est peut être le dernier jour de grand-père, il a toujours été bon et là pour moi depuis papa nous a quittés . Après tout, la famille passe avant ces soirées mondaines. Je vais y aller"

Il sortit son smartphone de sa poche et envoya un texto : "Désolé Gaston, urgence familiale. Je ne serai pas des vôtres ce soir."

Trente minutes de scooter plus tard, Joseph poussait la porte de l'Hôpital Coeurs d'Espoir où était admis son grand-père depuis six mois, suite aux complications d'un cancer des poumons. Alfred était allongé dans son lit quand Joseph rentra dans la pièce. Il écarquilla les yeux à la vue de l'adolescent.
- Mon garçon, je suis content de te voir. Mes prières ont été entendues finalement, dit le vieillard en toussant.
- Grand-père ! C'est tout à fait normal. Comment te sens-tu ?
- Hélas, plutôt faible... Selon mon médecin le pronostic est très sombre, mais le pire c'est que j'éprouve du regret en repensant à mon passé.
- Je suis désolé de l'apprendre grand-père. Y a-t-il quelque chose que je peux faire ?
- Oui, tu peux m'écouter, tout simplement. Je ne veux pas que tu reproduises mes erreurs. Aide-moi à me redresser.
Joseph le soutint et plaça l'oreiller au bas de son dos. Alfred désormais en position demi-assise racla sa gorge pour éclaircir sa voix.
- Fiston, j'ai deux grands regrets qui me hantent à présent. Le premier me rappelle sans cesse la raison pour laquelle je suis dans ce lit d'hôpital. Il marqua une pause afin de s'assurer que son petit-fils l'écoutait avec attention avant d'ajouter ; - pendant la deuxième moitié des années 70, au début de mes études universitaires, je n'avais pas beaucoup d'amis et je voulais par dessus tout me faire remarquer, je me suis alors rapproché d'une bande de jeunes hommes que l'on qualifiait de "branchés" ils sortaient avec les plus belles filles et étaient invités à toutes les fêtes. Pour intégrer la bande et me faire accepter, je me suis mis à fumer, à boire et à sortir en boite tous les week-end. De peur de n'être rejeté par ces nouveaux amis, j'ai gardé ces mauvaises habitudes pendant tout mon cursus. Voilà plus de trente ans plus tard, j'apprends que ces clopes sont à l'origine de ce fichu cancer qui me malmène. J'aurais dû être plus sage dans mes choix, dans mes fréquentations quand j'étais jeune. Aujourd'hui, c'est trop tard.
- Désolé de l'apprendre grand père. fit Joseph
- Mon petit gars, ne renie jamais tes valeurs, tes origines, par peur d'être différent ou pire, pour impressionner qui que ce soit.
- Grand-père quel est ton deuxième plus grand regret ?
- De n'avoir pas épousé la femme de ma vie. dit le vieil homme avec un soupir. Celle que j'aimais vraiment, tes arrières grands parents ne l'approuvaient pas, à cause de sis origines si différentes de la nôtre. Avec le recul, je réalise que j'aurais dû m'imposer davantage pour la faire accepter par ma famille. J'ai dû épouser ta grand-mère dont sa famille était dans l'industrie du textile, une relation qui s'est soldée par un divorce cinq ans plus tard après la naissance de ta mère. En fin de compte, j'avais peur de décevoir mes parents, je n'ai pas vécu ma vie mais celle dont ils voulaient pour moi.
La rentrée d'une infirmière dans la chambre interrompit leur conversation, elle fit comprendre à Joseph que son grand-père avait besoin de repos. Juste avant de se quitter, Alfred tendit un morceau de papier à son petit-fils sur lequel était écrit :

"Le regret est pire que la peur."

6 commentaires:

  1. Cest tres profond....ce fut un moment magique de lire le texte et de vivre ce que lauteur attends de ces lecteurs ....bravo Guillaume

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  2. Très beau et profond texte! Merci pour ce message!
    "Osez vivre vos rêves plutôt que de vivre dans la léthargie des regrets" 1

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    1. Merci ! Je suis content de t'avoir comme lectrice.

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  3. Tres beau texte avec des conseils enrichissants!!!

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