2019-05-30

Quand vous voulez abandonner, rappelez-vous pourquoi vous aviez commencé.

- Entendu frérot, tu arrives à 16 heures demain par le vol... Une dernière chose, apporte des vêtements chauds car l'hivers n'est pas clément ici. ajouta Yveline au téléphone.
- D'accord frangine, j'ai hâte d'y être. Jacques raccrocha et resta songeur allongé sur son lit.
Sa demande de résidence pour le Canada avait finalement été acceptée après une période d'un an et demi. Hier un pot de départ a été donné en son honneur par l'entreprise dans laquelle il était comptable depuis deux ans.
A trente ans il avait choisi de vivre chez ses parents dans le but de faire des économies pour ce nouveau départ qui commencera dès demain. "Allez, je dois être frais pour demain"se dit-il, avant de se laisser emporter par le sommeil.
Le lendemain, arrivé à l'aéroport Toussaint Louverture, ses parents Emma et Joseph l'accompagnèrent jusqu'à la porte d'embarquement. 
- Mon fils, dit Emma ; je suis certaine que tout se déroulera bien, sois fort, souviens toi que tu n'es pas seul. Sur ces paroles, elle le prit dans ses bras, une larme glissa sur le visage de la quinquagénaire.
- Merci maman, en effet tout ira bien. rassura Jacques
Joseph avança à son tour, Il agrippa son fils par l'épaule et lui tendit une enveloppe scellée. Jacques remarqua "Bon Succès" inscrit au dos. Il s’apprêtait à l'ouvrir, quand son père arrêta net son geste.
- Attends ! Tu l'ouvriras au moment opportun, maintenant fonce et trace ton chemin, fiston. dit Joseph en lui tapotant l'épaule.
Jacques étreignit ses parents puis se dirigeant vers l'agent d'immigration pour donner son passeport, il retourna sur ses pas et cria  "Je vous aime."
Le vol dura quelques heures, Jacques ne vit pas le temps passé car il était plongé dans la lecture d'un très bon roman haïtien. A son arrivée à l'aéroport Pierre-Elliot Trudeau, Yveline l'y attendait déjà.
- Bienvenue au Canada frérot. Je suis contente de te revoir. As-tu fait bon voyage ?
- C'était bien. fit le jeune homme en remontant le collet de son manteau. Il fait un froid de canard à Montréal.
- T'inquiètes... Je suis garée tout près. Ils marchèrent encore cinq minutes avant de placer les bagages dans le coffre de la Fiat 500C rouge.
Les semaines et les mois se défilaient, pour Jacques l'adaptation devenait de plus en plus difficile. Ses économies avaient diminué considérablement, face à cette réalité il s'était mis à chercher du travail. A la difficulté de trouver un emploi en rapport à sa profession, il finit par accepter un petit job dans un restaurant comme plongeur. En rentrant tard un soir suite à une longue et dure journée de boulot et  après avoir bravé l'hivers glacial du Québec il s'écroula sur son lit, couché en chien de fusil. Son moral était à son point le plus bas, il pensa :
Je ne travaillais pas aussi dur dans mon pays, le long trajet de plus de 2 heures et la neige que je dois affronter au quotidien n'améliorent pas les conditions d'un travail alimentaire que je déteste. Peut-être devrais-je tout plaquer et retourner au pays...
En cinq mois, le jeune homme avait perdu près de 30 kilos. Triste et désespéré, dans sa turne mal éclairée, son attention se porta sur un bout de papier blanc qui débordait d'un centimètre de son sac à dos posé sur le plancher. Il se dressa pour attraper son sac et reconnut immédiatement l'enveloppe que lui avait remise son père le jour de son départ. Après une seconde d'hésitation, il l'ouvrit et se mit à lire.
 Fiston,
Ta mère et moi, nous sommes fiers de toi et ravis que tu aies pris la décision d'aller vivre dans un pays qui offre beaucoup plus d'opportunités à ton épanouissement personnel et professionnel. Toutefois, tu rencontreras des difficultés, des obstacles sur ton chemin vers l'accomplissement de tes rêves, ces moments de doute où tout semble lié contre toi. Mon fils, dans de pareilles circonstances, rappelle-toi que les moments durs sont temporaires dans la mesure où tu te cramponnes à la raison qui t'as poussé à commencer ce projet, cette aventure. Souviens toi, le début de toute entreprise qui en vaut la peine est souvent ardu et pénible, ne te décourage pas, persévère et rappelle-toi de ton POURQUOI.

                                                                                               Ton père qui t'aime.

Jacques sourit en rangeant la lettre et l'enveloppe. Il se sentait confiant désormais, si enthousiaste qu'il prononça avec conviction : "Je sais pourquoi je suis ici, père, mère ; je vous rendrai encore plus fiers."  

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